Concilier écriture inclusive et traitement de texte

Comment concilier écriture inclusive et outils de traitement de texte ?

Vous en êtes convaincu·e : l’écriture inclusive est utile. Mais lorsqu’il s'agit de passer à la pratique, les choses se compliquent. Votre outil de traitement de texte vous signale de nombreuses fautes, vous ne savez pas où trouver le point médian, énumérer à la fois le masculin et le féminin vous paraît bien long…

En bref : trop d’efforts pour en faire une habitude.

Pourtant, il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin. Nous avons passé en revue le fonctionnement de deux logiciels de traitement de texte, Microsoft Word et Google Doc, pour savoir comment intégrer le langage inclusif. Il suffit parfois de quelques réglages !

Suivez nos conseils pour une écriture aussi fluide qu’égalitaire !

Temps de lecture : 4.5 minutes

Inclusion et traitement de texte : une réconciliation possible ?

L’inclusion est l’un des principes manifestes de Microsoft Office. Parmi les améliorations d’orthographe et de grammaire que propose Word, on trouve la possibilité de repérer et corriger le « langage discriminant ». Cette fonctionnalité requiert toutefois d’être activée manuellement. Voici la marche à suivre :

Fichier → Autre… → Options → onglet Vérification → Paramètres → cocher « sexisme » (ou encore « orientation sexuelle et origine ethnique »). 

Côté Google, Javier Soltero, directeur général et vice-président de Google Workspace, annonçait, en mai 2021, l’intégration de suggestions non genrées à leur mode d’écriture assistée. Par exemple, remplacer l’usage générique de « chairman » (président) par « chairperson » (président·e, la présidence). Mais cette mise à jour n’apparaît pas encore explicitement sur la version francophone de Google Docs.

L’inclusivité des traitements de texte à l’épreuve de l’usage

Au-delà des intentions affichées par Microsoft et Google, nous avons testé leur mise en application concrète. Comment réagissent-ils à l’usage des trois conventions d’écriture inclusive ? 

(à [re] découvrir dans notre manuel, téléchargeable gratuitement)

L’accord en genre des noms de fonctions

Où en sont les logiciels en termes de féminisation des noms de métier ? Prenons l’exemple du terme « auteur » et de son pendant « autrice ». Lorsque le sujet de ma phrase est au féminin, les outils de traitement de texte ne repèrent pas que l’usage d’un nom masculin est faux. 

Test du traitement des termes féminins sur Microsoft Word

Test du traitement des termes féminins sur Microsoft Word

Seule nuance, le dictionnaire de Word comporte bien l’ensemble des alternatives féminines. Son correcteur est en mesure de les suggérer lorsque l’on accole un mot masculin à celui de « femme ». A contrario, Google Docs traite comme des fautes un certain nombre de termes féminins qui existent pourtant depuis des siècles.

Test du traitement des termes féminins sur Google Docs

Test du traitement des termes féminins sur Google Docs

Notre conseil : vous pouvez faire un clic droit sur ces mots jugés erronés et les ajouter à votre dictionnaire personnel. Sur Google Docs, vous pouvez aller plus loin et aider l’entreprise à évoluer vers son objectif d’inclusion. Pour cela, sélectionnez : « Commentaires relatifs aux suggestions » → « Fournir d’autres informations » → Cocher « mon texte d’origine est correct » et « la suggestion est incorrecte ». Vous pouvez ensuite préciser vos motivations dans la section « autres commentaires ».

L’usage conjoint du féminin et du masculin

La proposition d’énumérer le féminin et le masculin peut susciter des blocages d’ordre pratique. S’il est prouvé que les doublets ne ralentissent pas la lecture, qu’en est-il de la rédaction ? 

À cet égard, Google Docs dispose d’un outil intéressant pour améliorer notre vitesse de frappe : l’écriture prédictive. Son intelligence artificielle « Smart Compose » permet de semi-automatiser la rédaction. Il déduit notamment qu’un « féminin pluriel + et » sera suivi d’un masculin pluriel. Il semble que l’IA ait plus de difficulté à anticiper la formulation inverse (masculin puis féminin). 

Mais peut-être est-ce dû à nos habitudes de rédaction personnelles, dont la Tech se nourrit pour faire ses prédictions ? Vous pouvez faire le test de votre côté et nous partager vos retours !

L’écriture assistée de Google Docs appliquée à la double flexion

L’écriture assistée de Google Docs appliquée à la double flexion

Notre conseil : vous pouvez accélérer la rédaction des doublets de manière systématique. Il s’agit de « forcer » l’éditeur de texte en lui suggérant des options de remplacement automatique. Par exemple, sur Google Docs, en allant dans Outils → Préférences → onglet Substitutions → dans Remplacer, indiquer une abréviation (ex. racine du mot + *) et dans Par, la formulation complète.

Exemple de remplacement automatique sur Google Docs : « les collabora* » devient « les collaborateurs et collaboratrices ».

Exemple de remplacement automatique sur Google Docs : « les collabora* » devient « les collaborateurs et collaboratrices ».

Vous pouvez aussi appliquer cette solution pour écrire plus vite les doublets abrégés, en intégrant un raccourci pour faire le point milieu. Sur Word, la marche à suivre est d’aller dans vos options de correction automatique.

Exemple de correction automatique sur Word : « client·es » remplace « client --es »

Exemple de correction automatique sur Word : « client·es » remplace « client --es »

La suppression des expressions sexistes

Nous avons aussi voulu tester la prise en compte des formulations réductrices et stéréotypées par les traitements de texte. Qu’il s’agisse d’injures ou d’antonomases (ex. « l’Homme » pour parler de l’humanité entière), il semble que ces logiciels ne soient pas encore en mesure de les repérer. 

Par contre, on peut se réjouir que la version anglophone de Word soit aujourd’hui capable d’identifier certaines tournures. À quand de telles améliorations en langue française ?

La version anglaise de Word recommande “elle est intelligente, pour une fille » et « il est empathique, pour un homme ».

La version anglaise de Word recommande “elle est intelligente, pour une fille » et « il est empathique, pour un homme ».

Si les traitements de texte peuvent tout à fait nous aider à adopter un langage inclusif, ils ont leurs limites. Chez Mots-Clés, nous pouvons vous accompagner pour développer vos réflexes d’écriture inclusive raisonnée. C’est-à-dire : qui ne soit ni pénible à lire, ni à rédiger.