Début juin, l’Observatoire du Long Terme a présenté à l’Assemblée Nationale un rapport au titre ambitieux : “Manipulation et polarisation de l’opinion : réarmer la démocratie pour sortir du chaos”.
Les années 2000 rêvaient à une cyberdémocratie, sorte de démocratie augmentée par le numérique dans laquelle les outils offerts par le monde digital auraient servi à débattre, puis à produire des décisions collectives éclairées. Symbole de cette ère : Wikipédia, l’encyclopédie collaborative en accès libre… dont le nombre de visites mensuelles, au passage, vient tout juste d’être battu par ChatGPT.
Un quart de siècle plus tard, ce doux rêve semble enterré et on se demande surtout comment sauver la démocratie à l’heure de la désinformation et des manipulations de masse. La liberté d’expression, jadis point fort de nos démocraties, semble ainsi en être devenue le cheval de Troie.
Le rapport se veut pourtant optimiste : “C’est une démarche d’empowerment qui est proposée ici. Elle ne consiste pas à ralentir la révolution numérique, mais au contraire à en embrasser pleinement les conséquences, à utiliser son potentiel encore largement sous-exploité pour façonner un nouvel espace public dans lequel les effets positifs l’emportent sur les effets négatifs.”
Parmi les pistes proposées :
redonner le pouvoir aux médias de journalisme à code de déontologie (MJD), qui pourraient se distinguer par un label dédié au niveau européen ;
rendre publics les algorithmes des plateformes et donner le contrôle aux internautes sur leurs paramètres
renforcer et fédérer les initiatives de fact-checking, qui devraient être rendues accessibles par un simple bouton sur n’importe quel site ou plateforme
promouvoir la “nétiquette”, ensemble de bonnes pratiques favorisant un débat en ligne apaisé
sans oublier de créer un défenseur des droits d’expression afin de surveiller l’impact de ces régulations sur la liberté d’expression
Et les auteurs concluent, de façon toujours aussi optimiste : “Nous devons enfin retrouver l’enthousiasme des débuts d’Internet, lorsque chacun s’émerveillait des possibilités infinies offertes par un accès généralisé à la connaissance, la capacité à parler à des correspondants de l’autre bout du monde de sujets d’intérêt commun, et la possibilité d’écouter des millions de personnes en temps réel. Dans le monde de l’information comme ailleurs, c’est en construisant des routes plutôt que des barrages ou des murs que la société avance.”
Y’a plus qu’à !