Krash test : qu'est-ce que la reprise en “K” ?

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Des individus tous confinés, des entreprises toutes affectées, des pays tous fermés. L’illusion d’une crise globale qui nous affecterait toutes et tous de manière semblable n’aura duré qu’un temps. La réalité ? Une crise polarisante, avec rapidement ses gagnants et ses perdants, des plus riches et des plus pauvres, des glorifiés et des sacrifiés, des vivants et des morts.

Dès juillet 2020, des économistes tels que Joe Brusuelas (RSM) ou Koen De Leus (BNP Paribas) ont condensé cette complexe réalité en une lettre : K. Le succès fut rapide, la presse sonna la rentrée en glosant sur la forme du K comparée à celles du V, W, L, U pour décrire la tonicité de la reprise économique. Si ces dernières étaient convoquées à chaque crise, le K était résolument nouveau. 5 pistes en K pour expliquer son succès.

 
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K.I.S.S


L’US Navy le proclamait déjà en 1960, « Keep It Simple, Stupid ». Plus c’est simple, mieux ça marche. Cela avait pourtant mal commencé, même le nom de la maladie prêtait à confusion, SARS-COV-2 ? Coronavirus ? COVID-19 ? Le COVID ou la COVID ? Amina vous en parle dans un autre article. Mais condenser et réduire les complexités de la crise du siècle en une seule lettre… ça claque !

 

Kalligraphie


Certains esprits facétieux y verront peut être le K de Kovid ou de Korona, mais là n’est pas la question. Ce K ne signifie rien en tant que tel, ni mot ni même initial d’un mot. Il n’est là que par son signifiant, sa forme évocatrice de courbes boursières anticipées. La facilité prime ici sur la précision : la forme basse du K évoque plutôt un rebond avant un deuxième plongeon qu’un simple crash comme le transport aérien l’a vécu. Dans notre ère où l’image d’un abricot ou d’une aubergine suffisent parfois à émoustiller, ce K marque efficacement les esprits.

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Koncept


Lors de précédentes crises, les économistes nous avaient habitué à exploiter quelques lettres de l’alphabet pour exprimer succinctement leurs prévisions. V, W, L, U… mais point de K en 2008 par exemple, il faut croire qu’aucun scénario de cette époque ne s’y prêtait. A crise inédite, conséquences inimaginées et lettre jamais utilisée auparavant. Décrire de nouveaux concepts est nécessaire pour penser cette crise ; une nouvelle lettre pour un nouveau monde.

 

Vitamine K


Accessible et comestible, ce K rend beau et intelligent celui qui le découvre. La presse s’en est ainsi emparée pour l’ériger à la pointe de sa stratégie d’autorité et de pédagogie. Les chroniqueurs ont doctement glosé sur l’alphabet, les lecteurs ont dégusté cet encas parfaitement calibré pour briller lors de leur prochain dîner. Par capillarité presque, personne n’y a échappé !

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KO


Les grandes guerres du passé avaient mis à l’index leurs profiteurs pour des générations. Qu’adviendra-t-il des gagnants de cette crise-ci ? Les KO du COVID étaient préidentifiés : gilets jaunes, classes moyennes précarisées par la mondialisation, pays en voie chronique de développement… Sauront-ils pardonner à la Chine, aux GAFA, aux laboratoires pharmaceutiques et spécialistes de la finance une fois la crise passée ? Ce K raconte aussi cette tumultueuse histoire d’inégalités sociales qui fascine les peuples, tellement elle porte en elle le risque de se transformer en QAnon.

 

Karma


Aubaine pour les dirigeantes et dirigeants, les voici face à une représentation binaire de la réalité. C’est à qui saura inscrire son peuple dans le clan des gagnants. La bataille du récit est l’apanage des populistes, celle des résultats semble être à l’avantage des libéraux. Quel Krash test pour nos démocraties libérales ! Chercher sa propre introuvable âme, n’est-ce pas l’interminable travail de nos responsables politiques ?

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