Mais l’écriture inclusive ne se résume pas à ce versant le plus emblématique. C’est -à-dire, l’introduction de ce nouveau signe typographique qui, rappelons-le, fait office d’abréviation. Elle est un levier pour faire progresser l’égalité femmes-hommes au sein d’une organisation et pour faire évoluer les représentations.
Concrètement, comment s’y prennent les entreprises les plus en avance sur ce sujet ? Qu’est-ce que l’écriture inclusive a changé pour elles ? Cet article est l’occasion de revenir sur l’engagement de trois grandes organisations :
Le Cnam, une grande école d’enseignement supérieur ;
Canal +, un groupe média ;
3F, un bailleur d’habitat social.
Lexiques dédiés, ateliers de formation, conférences plénières, ou encore éditions capsules de notre Manuel d’écriture inclusive. Chacune de ces organisations a fait son propre chemin. Au service d’objectifs différents, mais d’une motivation résolue pour faire progresser l’égalité.
Temps de lecture : 4 minutes
L’écriture inclusive et le Cnam : susciter davantage de candidatures féminines
Le Conservatoire national des arts et métiers est une grande école d’ingénieur·es. Il délivre chaque année près de 1000 diplômes à des étudiantes et des étudiants du monde entier.
En 2016, le Cnam décide de s’emparer de l’écriture inclusive et de ses attentions graphiques et syntaxiques. Dans des formations traditionnellement très masculines, l’idée est de montrer que la place des femmes est pensée et travaillée. Sans attendre l’Académie française ni les débats sur les manuels scolaires.
Comme souvent, c’est la signature d’une charte, qui vient impulser le changement. Cet engagement du Cnam fait suite à la signature de la convention d’engagement du Haut Conseil à l’égalité, pour une communication sans stéréotype de sexe.
Un an plus tard, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’école organise une conférence. Elle s’intitule « faire progresser l’égalité femmes-hommes par sa manière d’écrire ». 2 100 élèves repartent de cette conférence avec une édition capsule pour le Cnam du Manuel d’écriture inclusive. L’édito qu’il contient, signé par Olivier Faron, l’Administrateur général du Cnam est éloquent. Pour lui : « promouvoir une communication libérée des stéréotypes de sexe, permet une ouverture des possibles pour tous et toutes, et contribue à construire une société d’égalité. »
L’histoire continue et le Cnam poursuit ses efforts au-delà de l’écriture inclusive. En 2019, la professeure Frédérique Pigeyre crée une chaire « Genre, mixité, égalité femmes-hommes de l’école à l’entreprise ». L’objectif est de développer une culture de l’égalité et de meilleures représentations.
Péril mortel ? Pas du tout ! Engagement résolu pour faire changer les mentalités. Et la féminisation des candidatures ne s’est pas fait attendre. Notre interlocutrice au Cnam nous indiquait fin 2018 que l’école d’ingénieur·es dénombrait 30 % de candidatures féminines en plus en 2 ans !
2. L’écriture inclusive et CANAL+ : un levier de transformation et de modernité éditoriale
Le « + » de leur logo était-il un signe annonciateur ? L’écriture inclusive dans la politique Diversité du Groupe CANAL+ est récente. Mais cet engagement, tout à fait dynamique.
Cette deuxième histoire d’inclusion commence en janvier 2020. Le Groupe CANAL+ devient signataire de la Charte « Pour les femmes dans les médias ». Engagement professionnel fort, la chaine entend intégrer durablement l’écriture inclusive en son sein. Mais sans rompre avec la langue française, ni avec chaque règle de grammaire qui la compose.
Il faut dire que l’écriture chez Canal, tout le monde pratique : scénarios, productions, commandes, communication. Toutes et tous se sentent concerné·es et particulièrement sensibles à la justesse éditoriale. Pour cette raison, le groupe privilégie une écriture inclusive dite raisonnée, qui limite le recours au point milieu (aussi appelé point médian).
L’engagement en faveur de l’égalité femmes-hommes est bien installé. L’entreprise suit attentivement les écarts de salaires ou de mixité sur différentes fonctions. Elle a aussi entrepris des efforts importants pour féminiser ses plateaux. Elle agit sous l’impulsion d’un comité femmes-hommes particulièrement dynamique. Il réunit sur cette thématique tous les pôles d’activité du groupe de médias.
Placée sous la responsabilité de la direction de la transformation RH, l’agence Mots-Clés forme plusieurs dizaines de salarié·es du Groupe à l’écriture inclusive. Cette mission est au service d’une meilleure prise en compte des enjeux d’égalité au sein de l’entreprise. À tous les niveaux.
Pour les personnes en charge du recrutement ou de la communication, l’écriture inclusive est également un marqueur de modernité éditoriale. Le Groupe est sensible aux aspirations sociales émergentes et souhaite donner de la visibilité à cet engagement. Quoi de plus éloquent qu’une attention dans son écriture ?
Comme toute transition suppose de l’adhésion, Mots-Clés forme une diversité de personnes : des technicien·nes aux communicant·es en passant par les Ressources Humaines. Parce que les inégalités, elles, ne sont pas confinées, notre équipe s’est adaptée en menant en 2020 des ateliers 100 % en ligne.
3. Le langage inclusif et 3F : une histoire de constance et de cohérence avec l’ADN d’un acteur social
3F est un groupe leader dans le secteur du logement social en France.
Sujet on ne peut plus sérieux et au cœur de notre société, l’habitat social se caractérise par une ambition : sa diversité. C’est sur cette volonté de lutter contre les stéréotypes que repose le travail d’inclusion du groupe 3F.
Initiée en 2016, l’adoption de l’écriture inclusive prend place au niveau de la communication globale du Groupe. Rapport annuel, site Internet, marque employeur, communication vis-à-vis des locataires : l’engagement de la communication de 3F est résolu.
Au-delà de l’écriture, l’équipe pense plus largement la question de ses représentations. Elle travaille notamment son iconographie, la présence de femmes expertes dans les prises de parole de 3F.
Pour montrer que les doubles flexions ne sont pas la seule option, l’écriture inclusive a fait l’objet d’un lexique dédié distribué en octobre 2017. On y retrouve les mots de l’habitat social et leurs déclinaisons épicènes. L’agence Mots-Clés a également régulièrement formé une partie des équipes com’ et recrutement à cette pratique.
Pour 3F, l’écriture inclusive constitue un ancrage en matière d’égalité femmes-hommes. C’est aussi une manière de mettre au travail la question des représentations. C’est enfin un enjeu de cohérence avec les valeurs promues par un acteur de l’habitat social. Pour 3F, l’égalité n’est pas un mot parmi d’autres. Mais la pierre angulaire sur laquelle se fonde toute légitimité à agir.
L’engagement de 3F fait des émules dans le secteur de l’habitat social. Le 26 juin 2020, l’agence Mots-Clés est intervenue à l’occasion d’une journée professionnelle. Elle réunissait l’ensemble des communicant·es des organismes HLM, à l’initiative de l’Union Sociale pour l’Habitat. Le thème : comment mettre en place une communication sans stéréotype de sexe ?
Aller plus loin
Trois exemples d’entreprise c’est bien. Une multitude, c’est mieux !
Grâce au groupe Facebook Taglinclusive, il est possible de constater la progression de l’adoption de l’écriture inclusive dans notre société. Chaque semaine, l’ensemble des membres témoigne des avancées de cette pratique en partageant des articles, des visuels ou leurs témoignages ! Rejoignez-le pour vous tenir au courant.