Bien écrire : juste une mise au point

Ponctuation et bien écrire

Une virgule mal placée et voici tout le sens d’un énoncé changé. Une myriade de deux-points et votre rapport d’activité semble télégraphié. Une utilisation de guillemets dans leur forme anglo-saxonne pour une tribune vantant les mérites de la francophonie et votre crédibilité s’effondre.

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Peu soignée, ignorée ou parfois même tout à fait bâclée, nous prêtons généralement peu attention à la ponctuation.

Pour autant, bien écrire, c’est la prendre en considération et rendre son texte facile à lire. C’est sa parfaite maîtrise qui vous fera passer de l’attention à la rigueur, d’une rédaction correcte à une excellente rédaction : il s’agit d’un levier majeur de l’excellence rédactionnelle promue par Mots-Clés, agence de communication éditoriale et d’influence. Et, posséder le logiciel de correction orthotypographique Antidote n’est pas une justification pour renoncer à apprendre ! 

Sans avoir l’ambition de passer en revue l’ensemble des règles de ponctuation, nous avons choisi de rappeler certaines d’entre elles, concernant la virgule, les guillemets ainsi que le deux-points et le point-virgule. Ce sont en effet sur ces signes que s’observent les fautes de ponctuation les plus fréquentes.

Bien écrire : non, vous ne savez pas tout sur la virgule

La virgule : on croit si bien la connaître qu’on ne la regarde plus. Discrète, jolie, aérienne, elle est aussi fondamentale.

Dans Ponctuation et Typographie, Chantal Contant rappelle les 7 façons de l’utiliser :

1. Lorsque l’on rapporte les paroles de quelqu’un (dans une phrase incise) 

Ex. : « Je ne me sens pas encore tout à fait déconfiné, c’est comme si je me trouvais dans un sas intermédiaire, m’a confié le directeur marketing hier soir. »

2. Lorsque l’on interpelle la personne à laquelle on s’adresse

Ex. : « Il y a dans cette crise une chance : nous ressouder et prouver notre humanité, bâtir un autre projet dans la concorde, déclarait Emmanuel Macron dans son allocution du 13 avril dernier. » 

3. Lorsque l’on insère un commentaire

Ex. : « Je suis convaincu que l’Inbound Marketing, dont le nom peut vous sembler aujourd’hui peu familier, sera un outil majeur du rebond post-pandémie. »

4. Avant les coordonnants, mais, car, or, c’est-à-dire, soit, voire, à savoir 

Ex. : « C’est un bon, voire un excellent consultant junior. »

5. Avant l’abréviation, etc., qui doit toujours se terminer par un simple point, jamais par trois points de suspension

Ex. : « Une bonne lettre de motivation pour un stage ou un job dans la communication répond à de nombreux critères : une utilisation adéquate des formules d’adresse, une orthographe irréprochable, un équilibre entre valorisation de la structure que l’on souhaite rejoindre et mise en avant de son parcours, etc. »

6. Dans une phrase dont un élément est mis en relief et repris par un pronom

Ex. : « Vos ateliers de formation à l’assertivité et au storytelling m’ont beaucoup appris, je les ai recommandés à mes collègues. »

7. Entre les éléments d’une énumération qui ne sont pas liés par une conjonction 

Ex : « Qu’est-ce que tu aimes chez cette candidate ? Son engagement, sa créativité, sa justesse. »

Bien écrire : guillemets français, mille sabords !

La règle est aussi simple qu’implacable : un énoncé en français se doit d’utiliser les guillemets français, en chevrons, qui s’écrivent de la façon suivante : « ». La forme en virgules doubles (“ “) est à proscrire, sauf pour un énoncé dans un énoncé qui est déjà entre guillemets. 

Ex. : « Tu te souviens de ce qu’a dit Pascal Demurger, le directeur général de la MAIF : “Les entreprises auront un rôle politique à jouer après l’épidémie.” »

Bien écrire : deux-points ne vaut pas point-virgule

Généreusement usité, le deux-points devrait pourtant laisser de la place à un cousin éloigné et légèrement décalé : le point-virgule, dont l’utilisation reste un peu trop parcimonieuse.

Les rares fois où l’on daigne rappeler le point-virgule à notre bon souvenir, nous l’injectons de façon hasardeuse dans un énoncé déjà riche en virgules et en deux-points, que l’on croit rendre ainsi plus sophistiqué.

Pourtant, l’utilisation du point-virgule répond à des règles bien précises, qui nous permettent notamment de le distinguer du deux-points.

Là encore, Chantal Contant nous instruit sur le sujet :

Le deux-points sert à annoncer quelque chose : une énumération, une explication, une cause, une conséquence, une synthèse. 

Ex : « Chez Mots-Clés, agence de communication éditoriale et d’influence, nous avons une conviction : le discours n’est pas simplement un instrument de l’influence, c’est le lieu de l’influence. »

Le deux-points permet également d’introduire une citation entre guillemets. 

Ex. : « De Luis Buñuel, Michel Piccoli racontait : “ J’ai passé toute ma vie jusqu’à sa mort avec lui, si je puis dire. Nous sommes devenus amis.” »

Le point-virgule sert à séparer deux phrases parallèles, qui ont un rapport sémantique étroit. Il est l’équivalent d’un simple point, mais il marque un lien plus fort : 

Ex. : « Avant la crise, je me rendais tous les jours à l’agence ; depuis la crise, je suis en télétravail. »

Le point-virgule s’emploie aussi pour séparer les éléments d’une énumération complexe lorsque ces éléments contiennent déjà de la ponctuation.

Comme l’écrit Julien Rault dans Petit(s) point(s) sur la ponctuation : « Si on la compare à la virgule et au point, mais surtout au deux-points qui induit plutôt un développement et un rapport logique (consécutif), la valeur fondamentale, différentielle, du point-virgule pourrait être celle de l’équivalence. »

Ex. : « Il y a trois choses qui ne vont pas dans ta lettre : tu confonds l’usage du deux-points et celui du point-virgule, alors que tu as lu mon article ; tu tutoies ton interlocuteur, mais lui te vouvoie ; tu ne vas pas à la ligne, alors que plusieurs paragraphes se distinguent. »

On utilise aussi le point-virgule dans une énumération verticale, avec puces, lettres, numéros ou tirets. 

Ex. : « Nous avons, dans le cadre de ce Design narratif®, interrogé trois types de publics :

– les membres du Comité de Direction ;

– les responsables de la communication ;

– les collaborateurs et collaboratrices principales. »

Comme l’écrit Julien Rault : « la ponctuation offre bien le reflet d’une présence, d’une façon d’être au monde. Un monde qui, en structurant, en segmentant, en modalisant, reste toujours à dire. » Trouver les mots est essentiel. Bien les ponctuer ne l’est pas moins.